D,APRES LE LIVRE "LES JUIFS DE CATALOGNE" DE MARTINE BERTHELOT
Approche des grands courants actuels du judaïsme religieux et laïc en Occident1
p. 206-223
TEXTE NOTESILLUSTRATIONSTEXTE INTÉGRAL
- 1 Ce chapitre est la première partie d’un article en espagnol : « Principales corrientes del judaísmo (...)
- 2 L’Émancipation fut la reconnaissance des droits civils, civiques et juridiques des Juifs et le débu (...)
2Au xxe siècle, de nouveaux courants ont à leur tour vu le jour, encore que moins importants et parfois même marginaux. L’émergence de cinq à six courants en moins d’un siècle n’est pas fortuite, puisque à cette époque de sécularisation et de restructuration socioreligieuse ou culturelle les Juifs faisaient face à des enjeux dont l’objectif était de concilier les valeurs intrinsèques et intemporelles du judaïsme avec les exigences de la modernité et de leur intégration dans les sociétés globales. Objectif pour le moins difficile, puisque chaque nouveau courant qui apparaissait – et toujours par opposition doctrinale avec les précédents – prétendait apporter de nouvelles réponses, et si possible aussi, des améliorations. Cette fragmentation continue du judaïsme, d’abord consécutive aux changements socioculturels (intégration dans les sociétés globales, émigrations, réenculturations), mais aussi à des grands traumatismes dont la Shoah, en a déterminé la recomposition. Aujourd’hui, considéré sous l’angle sociologique, il convient de parler de judaïsmes au pluriel, pluralité qui comporte, évidemment, une grande complexité.
3Toutefois, cette complexité ne réside pas seulement dans la diversité des courants et dans leurs différences, parfois très subtiles tant les frontières entre elles peuvent être fines et poreuses. Une étude comparative spécifique – bien qu’assez générale, courte et forcément réductrice, comme celle-ci – montre que ces courants nés d’abord en Europe et exportés aux États-Unis, ou au contraire nés aux États-Unis et ayant fait souche par la suite en Europe, ne revêtent pas tout à fait les mêmes caractéristiques dans les différents pays où ils évoluent. Selon l’endroit où il se situe, aux États-Unis, en Grande Bretagne, en France ou en Israël, c’est-à-dire dans les pays ayant une population juive importante, un même courant peut exister et être vécu de façon très différente, parfois même antagonique. Si l’on ajoute à cela la diversité des dénominations d’un même courant, toujours en fonction des pays, on comprendra mieux la difficulté d’un regard global et comparatif de ce panorama des judaïsmes.
- 3 Ces appelatifs changent selon les pays : en anglais, par exemple, c’est le mot denomination qui pré (...)
- 4 Il ne faut pas confondre ces mizrahim (dénomination géoethnique générique des Juifs orientaux, par (...)
- 5 Pour une consultation rapide de ces termes, on peut aller voir sur Wikipédia à l’entrée « Judaïsme (...)
5Dans les pages qui suivent, deux aspects seront abordés : nous commencerons par situer et clarifier une à une ces différentes tendances religieuses juives par rapport à ce que l’on appelle l’orthodoxie, en découvrant quelles furent leur genèse et leur chronologie, et quelles sont aujourd’hui leurs principales caractéristiques. Puis nous en examinerons les points d’opposition : d’abord, par rapport à la doctrine et à la philosophie, aux valeurs, à la projection sociale ; et ensuite, en fonction des différents pays. Cette approche se situe dans la perspective de la sociologie des religions et non pas d’un point de vue uniquement historique ou religieux.
LES PRINCIPAUX COURANTS : CHRONOLOGIE, GENÈSE, DÉFINITION ET GÉOGRAPHIE6
- 6 Données partiellement extraites de Jean-Christophe ATTIAS - Esther BENBASSA, Dictionnaire de Civili (...)
- 7 Halakha : corpus de règles établies par la tradition orale juive, depuis l’époque du Talmud jusqu’à (...)
- 8 Haredi ou Haredim (suffixe im : désinence hébraïque du masculin pluriel) signifie « Ceux qui craign (...)
8Aujourd’hui, l’expression « judaïsme orthodoxe » est générique et employée pour le différencier du judaïsme réformé-libéral et du traditionnaliste-massorti (voir infra). C’est surtout une entité très hétérogène qui englobe tous les courants et variantes apparus à partir du xviiie siècle : les ultra-orthodoxies des haredim (qu’ils soient hassidim – et en leur sein les lubavitch – ou bien mitnagdim/litaim), le judaïsme néo-orthodoxe ou orthodoxe moderne, le judaïsme sépharade, le sionisme religieux, etc. Les différences ne sont pas tant religieuses (dans la mesure où tous ces courants proviennent d’une même doctrine et dérivent les uns des autres) que socioculturelles et géoethniques, puisque la pratique et l’idéologie sont polymorphes et différentes d’un pays à un autre, et plus particulièrement sur des questions comme, par exemple, l’importance de l’étude des textes, la vie communautaire, les études profanes ou l’État d’Israël. Toutefois, il existe une certaine confusion entretenue par ceux qui estiment que l’orthodoxie est dans sa globalité le seul modèle religieux pour les Juifs. Les orthodoxes (et les ultra-orthodoxes) considèrent, en effet, leurs conceptions religieuses et leur mode de vie comme véritablement juifs, et les décisions prises par les autres courants – les réformés – comme non valides (par exemple, l’autorité des rabbins ou les conversions au judaïsme). Ils se considèrent comme dépositaires de la Tradition juive et œuvrent pour assurer la conservation des anciennes formes d’autarcie sociale et culturelle.
- 9 Dans cette approche sociologique et moderne-contemporaine, il n’est pas tenu compte évidemment d’au (...)
- 10 Le terme Habad qui est souvent associé à celui de Loubavitch est un acronyme composé de trois mots (...)
- 11 Laurence PODSELVER, « Les hassidim de Loubavitch : une marginalité traditionnelle », in Sectes et d (...)
- 12 Ses promoteurs et adeptes considérant, en effet, que, selon la Loi juive, la tradition est évolutiv (...)
- 13 Wissenschaft des Judentums : expression qui, en allemand, signifie science du judaïsme, par opposit (...)
- 14 Certains sociologues et anthropologues français (dont Laurence Podselver, 2004 : 43-51) utilisent l (...)
- 15 Certains idéologues du judaïsme réformé proposèrent même l’abandon de la cacherout, du shabbat et d (...)
- 16 Massorti : du mot hébreu masoret qui signifie « tradition ».
13– Le judaïsme reconstructionniste est un courant du judaïsme nord-américain issu du judaïsme conservateur, et affilié à l’Union mondiale du Judaïsme progressiste. Après avoir fait partie de ces deux courants (réformé et conservateur), il est devenu indépendant et est aujourd’hui considéré comme la troisième branche du judaïsme réformé. Créé par Mordechaï Kaplan en 1922, il a été réactivé à partir de 1967. Le reconstructionnisme conçoit le judaïsme comme une civilisation religieuse dynamique et évolutive basée sur une langue, une histoire, une culture, un peuple, une terre... totalité enveloppée d’une dimension divine. Il considère cependant que les autres courants ne répondent pas aux besoins modernes des Juifs, d’où l’idée de « reconstruction ». Il engage à l’ouverture des synagogues, non seulement à l’étude et à la prière, mais aussi à l’art et à la vie culturelle ; il invite à l’observance des fêtes traditionnelles, à l’usage de l’hébreu et à une pratique religieuse et culturelle de groupe ; il est égalitaire (paritaire) et fervent défenseur des droits de la femme ; il ne reconnaît ni l’élection ni la supériorité du peuple juif mais plutôt une importance spéciale du judaïsme, raison pour laquelle il est ouvert aux conversions et, jusqu’à un certain point, à l’intégration des non-Juifs ; il défend et promeut la justice sociale et la paix ; sioniste, il aide à la construction de l’État d’Israël. Bien que peu nombreux, les membres du judaïsme reconstructionniste exercent une grande influence intellectuelle parmi les Juifs nord-américains qui ont adopté nombre de ses idées et de ses concepts.
- 17 Shoah : terme hébreu signifiant « catastrophe » et désignant le génocide des Juifs durant la second (...)
- 18 Comme par exemple : anciens membres du Bund, Juifs communistes ou résistants, judaïsme et socialism (...)
- 19 En espagnol, le judaïsme laïc est communément appelé « secular » (séculier). En fait pour la sociol (...)
15Enfin, dans la diaspora occidentale, il existe également quelques courants marginaux du judaïsme parmi lesquels le très syncrétique judaïsme messianique. Né en Grande-Bretagne au début du xixe siècle (la première communauté date de 1813), il connaît une renaissance à partir de 1925. En France, l’Association française du judaïsme messianique – AFJM a été fondée en 1980. Actuellement les Jews for Jesus (« Juifs pour Jésus ») représentent environ 500 000 personnes, principalement sur le continent américain. Le judaïsme messianique regroupe un ensemble de courants qui, soit combinent la théologie chrétienne avec la pratique religieuse juive, soit sont représentés par des Juifs qui reconnaissent le caractère messianique de Jésus (Yeshua). Un autre courant marginal et syncrétique est également présent aux États-Unis principalement : il s’agit du judaïsme du Renouveau (Jewish Renewal), apparu à la fin des années 1960, et qui allie les pratiques mystiques et méditatives récupérées de sectes anciennes avec des influences du judaïsme libéral urbain.
Principaux courants du judaïsme actuel dans les pays occidentaux
Agrandir Original (jpeg, 84k)POSITIONS DOCTRINALES DES DIFFÉRENTS COURANTS16Tel qu’il ressort des pages antérieures, les divers courants du judaïsme se distinguent sur certains points essentiels que nous nous limiterons ici à synthétiser. Sur le plan religieux, il existe d’emblée une bipolarisation entre croyance et pratiques. Pour ce qui est de la croyance, il faut citer : croyance par rapport à la Torah, à Dieu, ou à la révélation ; degré d’acceptation de la « Loi » (Torah, Talmud, Halakha), en particulier sur des questions scientifiques, éthiques et politiques ; croyance en l’idée de « peuple élu » ; importance accordée à l’étude de la Torah par rapport aux études profanes ; importance des rabbins comme guides spirituels. Pour ce qui est des pratiques, citons : les observances de la Halakha (cacherout, shabbat, rites de passage, purification...) ; importance des habitudes synagogales ne relevant pas de la Halakha (vêtements, langue, musique, séparation hommes-femmes, etc.). Sur le plan social, mentionnons : le degré d’intégration ou d’éloignement de la société ambiante ; la nature des relations avec les non-Juifs. En troisième lieu, il y a la relation entre judaïsme et Israël (Israël considéré tout à la fois comme terre mythique et comme état-nation moderne). Aux critères précédents, il convient d’ajouter un niveau socio-religieux issu de la modernité et, en particulier, le rôle des femmes dans la religion, l’ascendance juive, etc.
17Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de mettre en relief les grands traits distinctifs des courants réformés par rapport au judaïsme orthodoxe normatif qui est et demeure le référent, sans toutefois entrer en détail dans les multiples et complexes convergences ou différences de chacun de ces courants. À l’exception du judaïsme ultra-orthodoxe intégriste qui vise la rupture entre ses membres et le monde environnant, aussi bien les conservateurs-massorti que les réformés-libéraux (voire aussi les laïcs qui, rappelons-le, ne sont pas areligieux) considèrent qu’il faut évoluer et vivre à l’unisson du monde moderne. Pour ces courants, le judaïsme ne doit donc pas être considéré comme une doctrine pétrifiée, mais au contraire comme une entité vivante, dynamique et évolutive, au sein de laquelle la responsabilité individuelle doit elle aussi compter (contrairement au judaïsme classique qui repose sur l’autorité des rabbins). Nous relèverons ici cinq critères fondamentaux d’évolution :
- 20 À propos de la cacherout en général, voir les travaux de Sophie NIZARD, et notamment : « La cachero (...)
- Égalitarisme, parité et rôle de la femme : le principal défi est de sortir du patriarcat et d’adapter le rôle religieux des femmes à celui qu’elles ont dans la vie civile (où elles ont acquis de nombreux droits égalitaires avec les hommes). Dans les synagogues libérales et massorti, elles ne sont plus séparées des hommes, peuvent prier avec eux, monter à la teba (estrade où officie le rabbin), se couvrir du châle de prières, y compris être ordonnées rabbins. Il existe par ailleurs une évolution sur les questions du mariage, de la filiation, de la répudiation, domaines dans lesquels des droits accrus ont été reconnus aux épouses et aux mères.
- Plus grande ouverture et tolérance envers les non-Juifs : accueil des non-Juifs par la conversion ; reconnaissance des conjoints (homme ou femme) non-juifs ainsi que des enfants nés de mère non-juive (question importante dans ce cas, puisqu’il s’agit d’une remise en question de la matrilinéarité). Dans ce domaine, le défi est aussi démographique, la principale motivation étant qu’il vaut mieux accueillir de nouveaux Juifs plutôt que de perdre les siens par ségrégation, éloignement et assimilation.
- L’accent est mis, par ailleurs, sur la responsabilité personnelle et la réflexion individuelle orientée vers l’éthique et vers un judaïsme vivant et militant, et également vers la participation dans le débat citoyen et public. D’où l’implication politique, syndicale, culturelle, etc. En ce sens, les différents courants du judaïsme réformé partagent des valeurs telles que, d’une part, le sens de la responsabilité juive quant à la préservation, la réparation et l’amélioration de la marche du monde, et, d’autre part, l’appartenance et la responsabilité face à la communauté juive universelle (Klal Israel).
- Plus globalement, il faut souligner l’égalité et la justice sociale ainsi qu’une tolérance pluriforme envers l’Autre : sépharades/ashkénazes ; homosexuels (couples, mariages, y compris rabbins homosexuels) ; envers les non-Juifs et les autres religions (en particulier l’Islam). Les rabbins libéraux sont, depuis toujours, militants du dialogue interreligieux avec les chrétiens et les musulmans.
- 21 Pour les données numériques, on peut se reporter à American Jewish Year Book, American Jewish Commi (...)
20États-Unis. Avec un peu plus de 5 millions de Juifs, c’est le pays qui regroupe le plus grand nombre d’organisations communautaires. Le degré d’américanisation des Juifs y dépasse les simples considérations religieuses puisque les mariages exogamiques (Juifs/non-Juifs) atteignent 40 %. Tous les courants y sont représentés ; cependant, réformés, conservateurs et orthodoxes sont prépondérants. De plus, chacun de ces grands courants est intérieurement ramifié et diversifié, mais ils sont tous associés aux grandes institutions représentatives américaines ou mondiales.
- 22 Goldberg, o. c. 1996, p. 535.
- 23 Source pour la Grande-Bretagne Ari BEKER, Jewish Communities of the World, Jerusalem, 1998, p. 125- (...)
- 24 Au plan identitaire : 26 % se considèrent laïcs, 18 % « simplement juifs », 15 % progressistes, 31 (...)
- 25 O. c. Source : Commission on Representation... p. 10-11.
- 26 En 2007, la population israélienne représentait un ensemble de 7 150 000 personnes dont 5 415 000 J (...)
- 27 Chiffres obtenus sur le site http://www.jewfap.org/toc.htm.
- 28 Contrairement, par exemple, aux réformistes des États-Unis.
- 29 CRIF : Conseil représentatif des institutions juives de France, créé en 1944. FSJU : Fonds social j (...)
- 30 Pour le judaïsme libéral de France, voir : Joëlle ALLOUCHE-BENAYOUN, « Les communautés libérales et (...)
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- 33 Cette volonté de séparation est telle, que dans certaines villes et en certaines occasions, le syst (...)
27Les orthodoxes : d’un côté, ce sont les héritiers du judaïsme talmudique-rabbinique, c’est-à-dire La référence en matière de judaïsme. À cet effet, ils observent la Halakha – qu’ils considèrent de caractère divin et donc immutable – sans changement ni adaptation, pour eux l’homme devant s’adapter à la Loi, et non pas le contraire. À la différence des ultra-orthodoxes, ils vivent en immersion dans le monde moderne. En Europe ils représentent le courant religieux majoritaire. D’un autre côté, le judaïsme orthodoxe est extrêmement diversifié, au point que bien souvent ce qualificatif n’est pas représentatif d’une pratique religieuse assidue ni même régulière, mais s’adopte plutôt par défaut, et en particulier par refus d’identification aux autres courants.
- 34 Aux États-Unis, on tend à les appeler réformés, en Grande-Bretagne reformés ou bien progressistes, (...)
29Quant aux Juifs laïcs ou humanistes, ils reconnaissent la centralité de l’homme et non pas celle de Dieu, et, sans être forcément antireligieux, ils ne sont intéressés que par la transmission de l’identité juive, l’éthique juive et l’humanisme en général. Particulièrement actif et militant, le judaïsme laïc organisé n’est pas représentatif numériquement – loin s’en faut – de l’ensemble des Juifs laïcs (croyants ou non-croyants, peu ou pas observants) : en Europe, ils représentent environ la moitié de la judaïcité alors que les organisations et associations du judaïsme laïc et humaniste sont peu nombreuses encore que très diverses.♦
NOTES1 Ce chapitre est la première partie d’un article en espagnol : « Principales corrientes del judaísmo religioso y laico hoy en occidente y en España », en Miscelánea de Estudios Árabes y Hebraicos (Sección hebreo), Universidad de Granada, n° 57, 2008, p. 79-108.
2 L’Émancipation fut la reconnaissance des droits civils, civiques et juridiques des Juifs et le début de leur intégration individuelle dans les sociétés globales (processus couramment désigné comme « sortie des ghettos » ou sécularisation).
3 Ces appelatifs changent selon les pays : en anglais, par exemple, c’est le mot denomination qui prévaut.
4 Il ne faut pas confondre ces mizrahim (dénomination géoethnique générique des Juifs orientaux, par opposition à sépharades et à ashkénazes) avec le parti politique israélien Mizrahi (fondé à Vilnius à la fin du xixe siècle, et qui est une des branches du sionisme religieux, basé sur le sionisme orthodoxe).
5 Pour une consultation rapide de ces termes, on peut aller voir sur Wikipédia à l’entrée « Judaïsme ».
6 Données partiellement extraites de Jean-Christophe ATTIAS - Esther BENBASSA, Dictionnaire de Civilisation juive, Paris, Larousse, 1997, et de Sylvie-Anne GOLDBERG (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Paris, Cerf/Robert Laffont, 1996, Adapté de Geoffroy Wigoder. Pour une connaissance plus approfondie des différents judaïsmes (histoire, culure, organisation...) voir Régine AZRIA, Le judaïsme, La découverte, 1996.
7 Halakha : corpus de règles établies par la tradition orale juive, depuis l’époque du Talmud jusqu’à aujourd’hui, et qui comprend, entre autres, le Mishne Tora de Maimonides (xiie s.), le Shulhan Arukh fixé par Joseph Caro (xvie s.), etc.
8 Haredi ou Haredim (suffixe im : désinence hébraïque du masculin pluriel) signifie « Ceux qui craignent Dieu ». C’est le terme employé par les laïcs pour nommer les ultra-orthodoxes. Cela dit, hassidim et mitnagdim ne se considèrent pas et ne se définissent pas comme ultra-orthodoxes mais comme « orthodoxes pieux ». Dans la perspective sociologique – qui est ici la nôtre – étant donné que ultra-ortodoxes et orthodoxes représentent deux modes de vie et de rapports à la société bien distincts, nous conserverons la dichotomie.
9 Dans cette approche sociologique et moderne-contemporaine, il n’est pas tenu compte évidemment d’autres dissidences, comme celle des frankistes (de Jacob Frank) ou des sabbatéistes (de Sabbataï Zvi) qui sont antérieures et considérées, en outre, comme des expériences plus personnelles que collectives.
10 Le terme Habad qui est souvent associé à celui de Loubavitch est un acronyme composé de trois mots hébreux signifiant : intelligence, conscience et connaissance.
11 Laurence PODSELVER, « Les hassidim de Loubavitch : une marginalité traditionnelle », in Sectes et démocratie, Paris, 1999, p. 126-131, et du même auteur : Fragmentation et recomposition du judaïsme. Le cas français, Paris, Labor et Fides, 2004, p. 43-51.
12 Ses promoteurs et adeptes considérant, en effet, que, selon la Loi juive, la tradition est évolutive et la révélation progressive.
13 Wissenschaft des Judentums : expression qui, en allemand, signifie science du judaïsme, par opposition au judaïsme comme religion.
14 Certains sociologues et anthropologues français (dont Laurence Podselver, 2004 : 43-51) utilisent le mot néo-orthodoxe dans un autre sens, en l’occurrence pour désigner les Juifs qui, pratiquant la teshouva (ou retour à la religion juive), « se convertissent » au hassidisme. L. Podselver utilise aussi le terme de néo-hassidisme.
15 Certains idéologues du judaïsme réformé proposèrent même l’abandon de la cacherout, du shabbat et de la circoncision.
16 Massorti : du mot hébreu masoret qui signifie « tradition ».
17 Shoah : terme hébreu signifiant « catastrophe » et désignant le génocide des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Holocauste.
18 Comme par exemple : anciens membres du Bund, Juifs communistes ou résistants, judaïsme et socialisme, gauche sioniste pacifiste, etc.
19 En espagnol, le judaïsme laïc est communément appelé « secular » (séculier). En fait pour la sociologie (espagnole) des religions, laïco et secular n’ont pas la même signification : la sécularisation étant le processus de distanciation sociologique du religieux, tandis que la laïcité désigne une position idéologique de séparation entre société civile et société religieuse.
20 À propos de la cacherout en général, voir les travaux de Sophie NIZARD, et notamment : « La cacherout en France : organisation matérielle d’une consommation symbolique », Les Cahiers du Judaïsme, n° 3, 1998, p. 63-73 ; ainsi que « Mémoires incorporées : rites et pratiques alimentaires dans le judaïsme contemporain » in DIANTEL, HERVIEU-LEGER, SAINT-MARTIN (dir.), La modernité rituelle - Rites politiques et religieux des sociétés modernes, Paris, L’Harmattan/AFSR, 2004, p. 85-99.
21 Pour les données numériques, on peut se reporter à American Jewish Year Book, American Jewish Committee, New-York, édité annuellement jusqu’en 2009.
22 Goldberg, o. c. 1996, p. 535.
23 Source pour la Grande-Bretagne Ari BEKER, Jewish Communities of the World, Jerusalem, 1998, p. 125-129 et Bernhard WASSERSTEIN, The Jews in Europa since 1945, London, 1997. Traduction française : Les Juifs d’Europe depuis 1945, Paris, Calmann-Lévy, 2000, p. 87-95. Commission on Representation of the Interests of the British Jewish Community (2000), A Community of Communities : report of the Commission on Representation of the Interests of the British Jewish Community, Institut for Policy Jewish Research, p. 10-11, 31 mars 2000. http://www.jpr.org.uk/publications/publication.php?id=97.
24 Au plan identitaire : 26 % se considèrent laïcs, 18 % « simplement juifs », 15 % progressistes, 31 % traditionalistes et 9 % orthodoxes. Source : Commission on Representation... p. 10.
25 O. c. Source : Commission on Representation... p. 10-11.
26 En 2007, la population israélienne représentait un ensemble de 7 150 000 personnes dont 5 415 000 Juifs.
27 Chiffres obtenus sur le site http://www.jewfap.org/toc.htm.
28 Contrairement, par exemple, aux réformistes des États-Unis.
29 CRIF : Conseil représentatif des institutions juives de France, créé en 1944. FSJU : Fonds social juif unifié, créé après la seconde guerre mondiale, il fédère les associations culturelles et les écoles juives. Voir également AZRIA, o. c. 1996, p. 94-95.
30 Pour le judaïsme libéral de France, voir : Joëlle ALLOUCHE-BENAYOUN, « Les communautés libérales et conservatrices », Observatoire du monde juif 10-11, Paris, 2004, p. 37-59.
31 Il ne s’agit ici que de quelques-uns (les principaux) des dénominations et courants. Il n’est pas tenu compte des subdivisions géoethniques (ashkénazes, sépharades), ni des orientations politiques de certains de ces courants (par exemple : les Sionistes religieux ou les Haredim anti-sionistes, etc.), ni évidemment des innombrables organisations institutionnelles.
32 Cette catégorisation ne correspond pas, bien évidemment, à une perspective uniquement religieuse qui opposerait orthodoxes et réformés, en laissant les laïcs de côté. Elle ne peut pas non plus, ici, tenir compte des grandes différences de typologie qui existent selon les pays, comme nous l’avons vu plus haut.
33 Cette volonté de séparation est telle, que dans certaines villes et en certaines occasions, le système de l’erouv est mis en application. Erouv : séparation matérielle (un mur, une rue, par exemple) ou symbolique (un fil, un ruban) d’une territorialité spécifique aux ultra-orthodoxes.
34 Aux États-Unis, on tend à les appeler réformés, en Grande-Bretagne reformés ou bien progressistes, et en Israël, en France et dans le reste de l’Europe libéraux.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TitrePrincipaux courants du judaïsme actuel dans les pays occidentaux
URLhttp://books.openedition.org/pupvd/docannexe/image/1396/img-1.jpg
Fichierimage/jpeg, 84k
TitreNoms et qualificatifs sous lesquels s’autodénomment les communautés des divers courants du judaïsme aux États-Unis, en Grande Bretagne, en Israël, en France et en Espagne31
URLhttp://books.openedition.org/pupvd/docannexe/image/1396/img-2.jpg
Fichierimage/jpeg, 187k© Presses universitaires de Perpignan, 2011
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Descripció i significat de les diverses expressions del judaisme espanyol act...
Aspectes sociodemogràfics del judaisme europeu actual1